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Texte: Elena Martinez

Prendre conscience des discriminations à l’égard des populations dites vulnérables

RECHERCHE Dans ce « Labo des humanités », In Vivo vous fait découvrir un projet de recherche de l’Institut des humanités en médecine (IHM) du CHUV et de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL.

« Les discriminations et les attitudes racistes prennent forme dans le contact entre deux personnes. Dans ce face-à-face, la langue, le niveau d’éducation, le milieu socio-économique, les difficultés sociales de chacun, sont autant de facteurs qui peuvent interagir et conditionner des stéréotypes ou des actes discriminatoires. » Kristina Würth, éthicienne clinique à l’Unité d’éthique clinique IHM-CHUV, s’intéresse depuis plusieurs années à la communication et aux interactions entre les patientes présentant des caractéristiques de vulnérabilité sociale et les clinicien.nes (corps médical, infirmier, etc.), l’équipe de traducteur.trices, ainsi que le personnel administratif.

Dans sa recherche, elle cite par exemple le cas d’un patient analphabète qui avait certes consenti à une opération du cœur, mais qui n’était pas en mesure par la suite d’utiliser correctement l’appareil implanté.
Il a été alors perçu par les professionnel.le.s comme non coopératif et difficile. Son état de santé s’est dégradé, au point d’être encore pire qu’avant l’opération. Dans cette situation, malgré les intentions authentiques des acteurs de soin de ne pas discriminer, les faits relatés montrent une réalité différente.

Kristina Würth esquisse quelques explications : « Il n’y a pour l’instant pas véritablement d’indications en clinique médicale sur la prévention de la discrimination dans des situations à risque bien connues, par exemple en cas de barrière linguistique. Cela est laissé à la responsabilité de chaque médecin ou soignante. » Dans la pratique quotidienne, la chercheuse observe que les recommandations éthiques habituelles font défaut dans les situations impliquant une personne en situation vulnérable. « Qui est responsable – et compétent – pour déterminer si les capacités linguistiques d’un patient sont suffisantes lors d’une consultation ? Qui décide quoi faire si ce n’est pas le cas ? Le médecin, le patient ou les circonstances – comme la disponibilité d’un traducteur ? » La chercheuse promeut ainsi une approche basée sur l’humilité, qui considère d’abord le ou la patiente comme une personne unique à (re)découvrir. D’autre part, la méthode vise à lever les tabous sur la thématique et permettre ainsi un discours qui dépasse les réactions réflexes. Les résultats et conclusions de sa recherche seront à découvrir d’ici à la fin de l’année 2023. /



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Kristina Würth

Éthicienne clinique avec une formation en anthropologie culturelle, elle fait partie de l’Unité d’éthique clinique IHM-CHUV depuis deux ans. Son étude actuelle porte sur les consultations auprès des patientes immigrées. Elle entreprend aussi un projet sur la discrimination et le racisme en milieu hospitalier.