Chronique
Texte: Amanda Sacker, directrice de «The International Centre for Lifecourse Studies in Society and Health», University College London
Photo: DR

Amanda Sacker: L’épidémiologie peut contribuer à définir les politiques de santé publique

L’épidémiologie, considérée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une approche permettant de comprendre les origines de la santé, du bien-être et des maladies, est de plus en plus répandue.

En savoir plus:

www.ucl.ac.uk/icls

Cette discipline, axée sur l’évolution de la santé des individus au cours de la vie et au fil des générations dans des conditions socio-économiques différentes, suscite spontanément l’intérêt.

Sous l’impulsion du Royaume-Uni, de nombreuses études s’intéressent désormais au parcours des individus dès leur naissance et recueillent leurs témoignages ainsi que ceux de leur famille à intervalles réguliers, tout au long de leur vie. Ces études de cohorte longitudinales offrent un grand nombre de données essentielles à l’épidémiologie. Elles sont aussi largement citées par les sociologues et étayent les conclusions des économistes selon lesquelles les investissements réalisés au début de la vie sont plus rentables à long terme.

Toutefois, si l’épidémiologie nous a enseigné une chose, c’est bien que les parcours de vie sont divers et complexes et qu’il n’existe pas de solution miracle. Ces études ont démontré, à maintes reprises, que plus un enfant est

exposé à des difficultés sociales, physiques, économiques et psychologiques, plus il est probable qu’il accuse un retard dès l’école maternelle. Une observation qui suggère qu’en intervenant tôt, il est possible de réduire cet écart. Pourtant, à 11 ans, ces mêmes enfants présentent un retard de cinq ans. Ce phénomène ne s’explique pas par les progrès fulgurants des mieux lotis, mais par le retard accumulé des enfants défavorisés. Un constat alarmant qui nous rappelle la nécessité de ne pas négliger les enfants les plus vulnérables, mais au contraire de les aider tout au long de l’enfance. Il est crucial de maximiser les aptitudes cognitives des enfants pour leur permettre d’optimiser leurs trajectoires professionnelle et familiale. Chaque expérience négative, telle qu’une rupture familiale ou encore la pauvreté, augmente le risque d’avoir des problèmes de santé pendant l’enfance et à l’âge adulte.

Les études d’épidémiologie ont notamment révélé que le lien social permet de préserver notre santé, surtout à mesure que nous vieillissons. L’Angleterre a, par exemple, instauré un système de cartes de bus gratuites pour les personnes âgées afin de lutter contre l’exclusion sociale. Cette mesure qui a, entre autres, favorisé l’activité physique des seniors a eu pour conséquence d’améliorer leur état de santé.

Une nouvelle génération de recherches d’épidémiologie mêle désormais études de cohortes et recherches biomédicales. L’analyse de l’influence des aspects sociaux sur le corps et donc, à long terme, sur la santé fournira aux autorités des faits solides sur lesquels fonder les politiques de santé publique. ⁄



Partagez: