Health Valley
Texte: Céline Bilardo
Photo: Dom Smaz / REZO

Hans Wallstén, l’inventeur du stent

Installé depuis les années 1970 dans la région lausannoise, l’entrepreneur a révolutionné la prise en charge de multiples maladies grâce à ses inventions.

A 90 ans, Hans Wallstén n’a pas perdu son enthousiasme. C’est assis à son bureau, à Paudex (VD), face au lac, qu’il détaille calmement les étapes de son parcours. Devant lui, des petites boîtes soigneusement préparées et étiquetées: elles renferment des modèles de sa plus grande invention, le stent, une innovation médicale majeure. Ce petit implant métallique, introduit dans le corps sans chirurgie, permet de maintenir ouvert un rétrécissement (sténose) d’une cavité de l’organisme – une artère coronaire – pour éviter un infarctus, par exemple. «Plusieurs variantes du stent ont été développées depuis mon invention dans les années 1980, se réjouit le Suédois d’origine. Aujourd’hui, on estime qu’environ 2 millions de ces dispositifs sont implantés chaque année dans le monde.»

Bien que proche de la retraite, l’inventeur n’abandonne pas sa créativité.

Initialement, ce diplômé de l’Ecole polytechnique de Chalmers œuvrait dans un secteur bien différent de celui de la médecine: «Jusqu’à l’âge de 45 ans, je menais une carrière dans l’industrie du papier, en Suède. J’ai notamment développé plusieurs procédés pour améliorer le processus de notre fabrication de papier et, ensuite, j’ai dirigé pendant plusieurs années une papeterie.» A la fin des années 1960, le groupe Bonnier le contacte, lui proposant une aide pour créer une entreprise qui commercialiserait ses inventions. Hans Wallstén accepte, et c’est ainsi que naît sa première société, Inventing. «Je l’ai fondée et développée avec succès en Suède pendant cinq ans, avant de venir m’installer à Lausanne en 1973, pour créer un centre de développement.»

Le dispositif connaît un succès fulgurant: en 1989, 1’200 interventions avaient déjà eu lieu. Cette même année, Medinvent a été vendue au géant américain Pfizer.

C’est par coïncidence qu’il s’oriente ensuite vers le domaine médical. «En 1979, le cardiologue zurichois Ake Senning m’a proposé une collaboration dans le but de développer une prothèse en forme de spirale pour lutter contre les sténoses. Mais ce dispositif n’était pas concluant.»

Chez Inventing, les recherches se poursuivent et Hans Wallstén conçoit un implant auto-expansible, en forme de tube, composé de fils métalliques tressés. Il dépose un brevet en 1982 et, soutenu financièrement par le groupe suédois Bonnier, fonde la société Medinvent, à Villars-Sainte-Croix, qui lui permet de gérer le développement de cette invention.

Suite à de multiples tests sur des animaux, ce premier stent, baptisé «Wallstent», est implanté à l’aide d’un cathéter, en première mondiale en 1986, dans les fines artères coronaires d’un patient, à l’Hôpital universitaire de Toulouse, puis au CHUV. Le dispositif connaît un succès fulgurant: en 1989, 1’200 interventions avaient déjà eu lieu. Cette même année, Medinvent a été vendue au géant américain Pfizer.

Bien que proche de la retraite, l’inventeur n’abandonne pas sa créativité. Il s’attaque à la ménorragie, un saignement excessif durant les menstruations, dont souffre une femme sur dix et qui requiert une chirurgie ainsi qu’une hospitalisation. Il développe alors le «Cavaterm», une solution qui permet un traitement en quinze minutes à l’aide d’un ballon de chaleur. Le Suédois inaugure sa dernière société, Wallstén Medical (désormais Veldana Medical), à Morges.

Et même depuis, Hans Wallstén n’a pas arrêté d’inventer. Il vient de déposer un nouveau brevet destiné au milieu médical. «Je ne cesserai jamais de réfléchir à de nouvelles innovations. Mon métier est mon seul hobby de retraite.»



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Plusieurs variantes du stent ont été développées depuis mon invention dans les années 1980. Aujourd’hui, on estime qu’environ 2 millions de ces dispositifs sont implantés chaque année dans le monde.