Health Valley
Texte: Robert Gloy
Photo: DR

Comment la «Health Valley» séduit les start-ups

La région lémanique peut compter sur un écosystème dynamique pour garder ses meilleurs entrepreneurs.

Sur les 909 millions de francs de capital-risque investis en Suisse en 2016, plus de la moitié a été investie dans la «Health Valley». Et contrairement aux start-ups actives dans les technologies informatiques, dont les meilleures quittent régulièrement la Suisse pour les États-Unis, elles se plaisent ici. «Les start-ups dans le domaine médical ont normalement un ancrage régional plus important, car il leur faut souvent des appareils très pointus. Une entreprise qui développe des applications digitales peut délocaliser plus facilement, car elle a recours à moins de matériel», dit Claude Joris, secrétaire général de BioAlps, un cluster des sciences de la vie basé à Genève. Ainsi, dans sa base de données, l’association regroupe presque 700 sociétés de la Health Valley et seulement 20 ont été rayées de la liste ces dernières années – faillites incluses.

Pourtant, quelques départs, comme celui de Biocartis – un spécialiste de la médecine personnalisée, fondé en 2007 à Lausanne et parti en Belgique quelques années plus tard –, montrent que le secteur n’est pas totalement à l’abri. Par exemple, l’emprise de l’argent étranger est important: 87% du capital-risque investi en Suisse vient d’ailleurs. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais il ne faut pas sous-estimer l’influence que certains grands investisseurs peuvent avoir sur la structure d’une jeune entreprise, comme l’explique Claude Joris. Selon l’expert, deux facteurs majeurs peuvent faire rester les start-ups. Premièrement, les collaborations: «Plus elles sont liées à des partenariats avec des acteurs locaux comme l’EPFL ou le CHUV, moins il sera facile de partir.» Il précise que la région lémanique est bien armée pour ce défi.

«Ici, il y a une vraie convergence entre les technologies informatiques et le domaine médical, créant un environnement très dynamique et compétitif.»

Plus important encore, le financement: «Les start-ups actives dans la biotech ou la pharmaceutique doivent valider plusieurs étapes avant de pouvoir commercialiser une application médicale. Elles ont donc besoin de fonds, qui peuvent aller jusqu’à plusieurs millions de francs assez rapidement», dit-il. Le message a été entendu par le conseiller fédéral Johann Schneider-Amman. Il est à l’origine de la Swiss Entrepreneurs Foundation, lancée en juillet 2017. L’objectif est de récolter 500 millions de francs auprès du secteur privé pour soutenir les jeunes entrepreneurs. Actuellement, plus de 300 millions ont déjà été mis à disposition par UBS, Credit Suisse ou encore l’assurance Helvetia. Deux autres fonds de capital-risque à destination des jeunes pousses helvétiques s’ajoutent à cette initiative: NanoDimension 3, qui sera doté de plus de 200 millions de francs et soutenu par Patrick Aebischer (l’ex-président de l’EPFL) ainsi que la nouvelle société de capital-risque genevoise Medicxi, qui veut investir 300 millions de francs dans le secteur des sciences de la vie ici.

Pour Claude Joris, les croissances fulgurantes d’entreprises comme AC Immune, Sophia Genetics ou MindMaze dans l’écosystème de la Health Valley sont des signes très positifs. La dernière, en utilisant la réalité virtuelle et augmentée pour la réhabilitation neurologique pour les victimes d’AVC, est une des sociétés les plus en vue en ce moment, puisqu’elle a le statut de licorne (une valorisation à plus d’un milliard de dollars) depuis l’année dernière. «Le fait que MindMaze ait racheté récemment une autre start-up vaudoise, Gait Up, montre son implication au niveau local et est un signe d’un marché mature», se réjouit-il. ⁄



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