Chronique
Texte: Benoît Dubuis
Photo: Alain Herzog

Tous innovateurs, tous entrepreneurs?

Innovateurs et entrepreneurs peuvent paraître coexistentiels, mais ils ne le sont pas. Pourtant, tous deux sont essentiels et doivent bénéficier de notre soutien.

L’homme a une formidable propension à rêver, à générer des idées. Combien se transformeront réellement en innovations et profiteront à notre quotidien? Trop peu! Mais comment changer cet état de fait?

Mon rêve, en créant le challenge Debiopharm-Inartis, un des divers challenges portés par la Fondation Inartis, était de voir la population se l’approprier pour en faire «son outil», pour s’offrir la chance de transformer ses idées en projets et pour apporter de nouvelles solutions aux patients. C’était également une façon de révéler le potentiel d’innovation collective de notre région. Pari gagné! Au vu des plus de 400 projets soumis depuis sa création il y a cinq ans, nous pouvons affirmer que la dynamique est aujourd’hui bien en marche. Sur les quelque 120 idées soumises cette année, cinq ont été retenues pour la seconde phase du challenge – la plus importante, celle de la matérialisation de l’idée, du prototypage. Le défi, pour la Fondation Inartis, sera d’accompagner les nominés dans cette phase qui vient de démarrer, afin de nous assurer d’un bénéfice pour la société.

Mieux qu’un prix qui honore une contribution passée, les challenges s’ancrent dans une réflexion actuelle profonde, devant permettre l’amorce des solutions de demain.

Ils sont un moyen de dénicher de nouvelles solutions et de libérer le potentiel créatif de la société civile, en redonnant du sens aux idées de chacun. Ils sont là pour accompagner l’intelligence collective. Pour donner les moyens à ceux qui ont des idées. Dans un monde où l’interdisciplinarité devient une nécessité autant qu’une réalité, la coopération intellectuelle entre humains dans un environnement technique est une solution pour faire émerger des idées de rupture, réellement révolutionnaires. Et tout cela sera la clé de voûte pour construire «ensemble» notre futur, un futur qui doit se redessiner au gré d’une réalité qui change.

Prémonitoire ou visionnaire, le premier projet primé, en 2016, a proposé un masque transparent.

L’idée était d’humaniser le corps médical protégé par des masques impersonnels. Cinq ans plus tard, dans le contexte du Covid-19, cette innovation prend tout son sens et donne naissance à la société HMCare. Conçu pour préparer la commercialisation d’un premier masque médical transparent destiné à améliorer la communication entre soignants et patients, ce projet montre que les innovateurs doivent s’adjoindre de vrais entrepreneurs afin de s’assurer que leurs idées profitent vraiment à la société.

L’activité inventive d’une région se mesure au nombre d’opportunités qui y ont leurs racines. Mais ce seul fait ne suffit pas. Encore faut-il les percevoir, et même si on les perçoit, encore faut-il les transformer – ce qui passe par l’enthousiasme et le savoir-faire d’entrepreneurs qui auront un accès privilégié aux ateliers de prototypage d’UniverCité, à Renens, et aux autres structures d’incubation de la Fondation Inartis dont l’Accélérateur translationnel de la Faculté de médecine de Genève et l’Espace Création à Sion.



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Le développement d’un masque transparent a été, en 2016, le premier projet primé dans le cadre du challenge Debiopharm-Inartis. Cette invention a mené à la création de la société HMCare.

Benoît Dubuis est ingénieur, entrepreneur, président de BioAlps et directeur du site Campus Biotech.