C’est dans le bloc opératoire que le neuroanesthésiste Patrick Schoettker a imaginé un dispositif simplifiant la mesure de la pression artérielle. Cette innovation intéresse Jocelyne Bloch pour les personnes paraplégiques qu’elle soigne.
Patrick Schoettker, neuroanesthésiste au CHUV, a régulièrement l’occasion de travailler avec la neurochirurgienne Jocelyne Bloch. « C’est l’occasion de parler de ses projets avec les personnes paraplégiques et de son besoin de pouvoir mesurer la pression artérielle en continu, de manière fiable et non invasive. » Car c’est dans l’environnement si particulier d’une salle d’opération qu’est né le tensiomètre pour smartphone que Patrick Schoettker a conçu, et qu’il développe avec la start-up Biospectal. Un transfert de technologie à succès, parmi tant d’autres, issu de l’étroite collaboration entre spécialistes.
« Rythme cardiaque, pression artérielle, oxygénation du sang, tous les paramètres physiologiques sont mesurés en continu dans une salle d’opération pour garantir la sécurité des patients sous anesthésie », raconte Patrick Schoettker. C’est dans ce cadre que l’envie d’optimiser la mesure de tension lui est venue. « Nous, les médecins, avons beaucoup d’idées, car nous connaissons les besoins des patients », estime-t-il.
Jusqu’à présent, la tension artérielle était mesurée à l’aide d’un brassard gonflable. Un « appareil rudimentaire », selon le spécialiste. L’idée de Patrick Schoettker est de maximiser la compréhension des signaux optiques déjà récoltés en salle d’opération pour en extraire une valeur de pression artérielle. En effet, la fréquence cardiaque peut se lire avec une mesure optique équivalente à celle du saturomètre, placé au bout du doigt pour mesurer l’oxygénation du sang. « Un brevet helvétique pour cette technologie existe », expose le neuroanesthésiste. Comme il est en main du Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), basé à Neuchâtel, Patrick Schoettker profite de cette proximité pour inviter les ingénieur -e- s à l’hôpital. Ainsi est né le tensiomètre à mesure optique pour salle d’opération.
Cependant, Patrick Schoettker et son équipe se sont vite rendu compte qu’avec 1,4 milliard de personnes hypertendues sur terre, pratiquement toutes équipées de smartphones et de leur caméra – excellent capteur optique s’il en est –, de multiples pistes pour aider les patients hors salle d’opération devaient exister. Le groupe a alors ouvert un axe de recherche pour mettre en place un tensiomètre pour smartphone, en collaboration avec la start-up Biospectal.
Aujourd’hui, l’OMS étudie l’utilité de cette technologie pour aider les populations de régions précarisées où la prévalence de l’hypertension est élevée. « Les personnes peuvent ainsi mesurer elles-mêmes leur tension et transférer les données au corps médical. Dans ces régions, la présence des smartphones surpasse celle des tensiomètres. »
Dans le cadre des études menées par Jocelyne Bloch et Grégoire Courtine, un premier essai pilote de mesure de la tension avec un smartphone sur une patiente paraplégique a pu être fait.
Ainsi naissent certaines collaborations. La créativité et la détermination des médecins, avec le soutien de partenariats privés, font le reste. /