Editorial
Texte: Béatrice Schaad, Responsable éditoriale
Photo: Patrick Dutoit

Bumping zone

Au centre du bâtiment qui abritera le Swiss Cancer Center sur le campus du CHUV, l’architecte a dégagé un espace surnommé la zone de bumping. Bumping? En anglais fédéral, cela signifie littéralement s’entrechoquer. Autrement dit, dans cet espace se croiseront, au hasard de leur journée, des professionnels issus d’horizons multiples: de l’informaticien formé à l’UNIL au spécialiste des cellules tumorales de retour d’un stage à la Harvard Medical School en passant par le spécialiste des matériaux fraîchement diplômé de l’EPFL.

La recherche sur le cancer, dont vous découvrirez à la lecture de ce premier numéro de «In Vivo» les prodigieux progrès accomplis ces 24 derniers mois, illustre très exactement les conditions désormais indispensables à l’innovation en médecine: une perméabilité intense, une collaboration intime entre des domaines de recherche autrefois cloisonnés.

Un décloisonnement qui devrait aller jusqu’à rapprocher des savoirs qui s’étaient distancés au fil de l’histoire des sciences – comme la médecine et les sciences humaines et sociales – et permettre d’accompagner le progrès technologique; ces évolutions sont en marche. En témoigne le travail mené auprès des étudiants en médecine sur la qualité de l’annonce du diagnostic. Dans ce nouveau contexte, ce ne sont donc pas uniquement les fondamentaux de l’architecture qui sont activement repensés – des labos aux murs opaques et aux portes closes – mais aussi ceux des sciences médicales et des soins.

Yi Zuo, une Américaine de 50 ans qui a découvert en 2009 qu’elle souffrait d’un cancer avancé aux ovaires, en est le vivant témoignage. Ainsi qu’elle le raconte, elle a bénéficié, dans le cadre d’un essai clinique, d’un traitement par immunothérapie. Douze mois plus tard, son cancer est en rémission. En arrière-fond de cette prouesse, de nombreux spécialistes qui ont su mettre leur savoir en commun. A leur tête, George Coukos, qui a quitté l’été dernier la Pennsylvanie pour le campus du CHUV et qui dirige désormais le Swiss Cancer Center, illustration parfaite – là encore – de frontières qui s’effacent puisqu’il est le fruit de la mise en commun des moyens et des cerveaux de l’EPFL, de l’UNIL, de l’Institut Ludwig contre le cancer, du CHUV et de professionnels du monde entier que cette émulation attire désormais à Lausanne.

«In Vivo» souhaite être le reporter passionné de ce décloisonnement des savoirs entre les labos, les professionnels de la Health Valley et ceux des grandes universités et hôpitaux de la planète. Ses journalistes sont les explorateurs de ce nouveau monde qui s’ouvre au patient; ils sont en somme les reporters d’une vaste bumping zone, un espace commun de débat dont nous espérons qu’il saura être un contributeur stimulant à l’intention de tous ceux qui aiment à penser la santé. ⁄



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