Dossier
Texte: Yann Bernardinelli, Stéphanie de Roguin, Carole Extermann, Erik Freudenreich
Photo: Rémi Clément, Heidi Diaz, Gilles Weber

Une collaboration pour soigner les victimes d’AVC

Les conséquences d’un accident vasculaire cérébral ou d’un traumatisme cérébral sont dévastatrices pour le cerveau. Sans irrigation, les neurones sont coupés du précieux oxygène apporté par le sang et meurent. Il peut en découler des troubles du mouvement, de la parole, voire de la paralysie. La neurochirurgie, à l’image de Jocelyne Bloch, peut agir pour réparer et contenir les saignements, mais les neurones touchés sont définitivement perdus et ne se régénèrent pas comme le feraient des cellules de la peau après une coupure.

Dans les années 1990, le biologiste cellulaire basé à l’UNIL Jean-François Brunet a découvert un écosystème cellulaire fait de cellules neurales, capable de donner naissance à de nouveaux neurones, et donc, de potentiellement venir remplacer des neurones perdus suite à un AVC ou à un traumatisme. Il ne manquait plus qu’il rencontre la neurochirurgienne Jocelyne Bloch pour que naisse une initiative de recherche de traitements.

La rencontre se fait en 1999 par l’intermédiaire du prof. Jean-Guy Villemure, alors chef du Service de neurochirurgie du CHUV.

De cette rencontre entre neurochirurgie et neurosciences fondamentales est née l’idée d’implanter des cellules neurales directement dans le cerveau après un AVC ou un traumatisme, pour régénérer les neurones perdus. Une étude préclinique a été menée chez le primate et se révèle extrêmement encourageante. « Après la perte de neurones due à un accident, il s’ensuit une phase de récupération naturelle où 30 à 40% de la fonction motrice revient, explique Jean-François Brunet. Après cette phase, aucune récupération n’est plus possible. Pire, nous observons une régression. Ces cellules, prélevées chez l’individu par biopsie et mises en culture, puis implantées, migrent jusqu’à la zone concernée puis se différencient en nouveaux neurones. On peut atteindre les 100% de retour de capacité motrice, chez le primate. » Le duo de chercheurs a fait une demande d’essai clinique chez l’homme, elle est acceptée. Mais des prérequis au niveau des cellules sont demandés au préalable. « La culture cellulaire fait appel à la biologie, c’est une science qui nécessite encore beaucoup d’avancées pour être totalement maîtrisée », explique Jean-François Brunet. Plusieurs étapes sont encore nécessaires pour entrer en phase clinique, mais le duo compte bien y parvenir. « On a en commun la motivation, l’un sait remonter l’autre. Des couples cliniciens chercheurs qui fonctionnent depuis plus de vingt ans ne sont pas nombreux ! » raconte Jean-François Brunet. Le duo ne désespère pas, car des approches similaires marchent chez les grands brûlés ou pour remplacer des chondrocytes, les cellules du cartilage. /



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