Chronique
Texte: Anne-Claude Griesser, directrice médicale adjointe au CHUV
Photo: Chloé Pracchinetti

«Résumer la qualité des soins à un ou deux indicateurs est dangereux»

Comment choisir son hôpital est une question légitime et récurrente de la part des patients.

Il n’y a toutefois pas de réponse simple à cette question, et tout classement qui laisserait envisager que l’on peut choisir son hôpital à partir de deux ou trois indicateurs de qualité (par ex. infections du site opératoire, satisfaction des patients ou mortalité) comporte une vision simpliste des soins.

Il est nécessaire d’avoir une évaluation globale de la qualité avec des indicateurs de structure comme l’équipement disponible, l’existence de soins intensifs certifiés, le niveau de compétences des professionnels ou leur formation continue. A cela s’ajoutent les modes d’organisation qui favorisent le travail d’équipe et la dispensation du meilleur soin au bon moment. Un élément à prendre aussi en compte concerne la manière dont les équipes respectent les recommandations de bonnes pratiques dans le domaine de la prévention des infections ou de sécurité opératoire.

Le volume d’activité est aussi un élément important de la qualité des soins. Constituer une masse critique pour un hôpital permet de gagner en expérience et de conserver un niveau d’expertise avec de meilleurs résultats.

Pour permettre au public de se forger une opinion objective, il faut se donner les moyens de le faire en considérant un ensemble d’indicateurs selon des méthodes rigoureusement éprouvées sur le plan statistique. Les experts du domaine recommandent que les chiffres publiés soient pertinents et qu’ils reflètent la qualité des prestations. A cela s’ajoute la nécessité d’être définis de manière précise, de permettre la comparaison avec des méthodes de collecte unifiées et d’inclure un ajustement aux risques qui prend en compte la complexité des patients.

Prenons le taux d’infection ou la mortalité: un hôpital de référence prenant en charge des patients complexes et gravement malades aura un taux de complications et de mortalité naturellement plus élevé qu’une clinique qui accueille des patients électifs pour des interventions plus légères et qui pourra transférer ses patients vers un centre de référence en cas de problème. Enfin, il est souhaitable que les indicateurs soient intelligibles pour les patients avec des explications claires sur leur sens, leurs limites et la manière de les interpréter. ⁄



Partagez: