Décryptage
Texte: Melinda Marchese et Erik Freudenreich
Photo: Heidi Diaz, Philippe Gétaz, Thierry Parel

La sangsue, une petite bête qui vous veut du bien

Hirudothérapie Les propriétés médicinales des sangsues sont connues depuis l’Antiquité. Au CHUV, elles sont utilisées en cas de greffe d’urgence ou de chirurgie reconstructive.

Animal invertébré appartenant à la famille des vers annelés, la sangsue revient au goût du jour tant dans certains cabinets médicaux privés que dans les services de chirurgie des hôpitaux universitaires. «Il y a deux branches principales d’utilisation de la sangsue à l’heure actuelle, explique le docteur Dominique Kähler Schweizer, spécialiste du sujet et cofondatrice de Hirumed, unique élevage de sangsues médicinales en Suisse. Dans les hôpitaux, la sangsue est surtout employée pour son effet mécanique, qui permet d’évacuer le sang en cas de congestion après une intervention de chirurgie réparatrice.» Il n’existe aujourd’hui pas de meilleur moyen pour sauver un greffon. La salive de la sangsue est également appréciée pour ses propriétés anti-inflammatoires et anticoagulantes. «Sa salive comporte plus de 100 composants actifs, dont seulement une trentaine sont bien connus aujourd’hui. Dans les cabinets privés, on l’apprécie tout particulièrement pour ses excellents résultats en cas de tendinites, d’arthroses et de furoncles, mais aussi pour certaines douleurs du dos.»

1/ ÉLEVAGE

Installée à Wil, dans le canton de Saint-Gall, la société Hirumed possède le seul élevage de sangsues du pays. «Les œufs de sangsue se développent à l’intérieur de cocons pendant six semaines. Entre la naissance d’une sangsue et son utilisation médicinale, il s’écoule ensuite en moyenne près de deux ans», précise Dominique Kähler Schweizer, qui a fondé l’entreprise avec son mari en 2002.

Élevage

2/ COMMANDE

Le CHUV commande régulièrement des sangsues médicinales chez Hirumed. Livrées par camion, elles sont placées dès leur arrivée dans un aquarium situé au sein de la pharmacie principale. Lorsqu’un médecin estime qu’un patient nécessite l’intervention de sangsues, une ordonnance est transmise à la pharmacie de l’hôpital. Cinq ou six sangsues sont alors placées dans un bocal, qui est ensuite remis à l’infirmière du service concerné.

Commande

3/ SOIN

La sangsue est extraite du bocal à l’aide d’une pince stérile. La première difficulté consiste alors à distinguer la tête de la queue de l’animal, afin de poser la bouche de la sangsue sur la zone à traiter. Une fois en place, l’effet de succion exercé par la sangsue permet de drainer le surplus de sang dans la zone congestionnée. L’hirudine contenu dans la salive de l’animal favorise aussi la fluidification du liquide sanguin. L’infirmière va régulièrement surveiller l’action de la sangsue, qui stoppe sa succion après environ trente minutes. Une fois son repas terminé, elle doit immédiatement être retirée de la plaie du patient. En effet, la sangsue rejette souvent une partie du sang ingéré, avec le risque de provoquer une infection.

Soin

4/ ÉLIMINATION

Le soin terminé, l’infirmière place la sangsue dans un bocal contenant un puissant désinfectant destiné à l’euthanasier. Le récipient étanche est jeté dans un bac pour déchets spéciaux, dont le contenu est ensuite détruit par l’incinérateur de la ville de Lausanne.

Élimination



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