Pour mieux contrôler les coûts de la santé, on attend des soins dispensés qu’ils prouvent scientifiquement leur efficacité.
Un des précurseurs de la pratique clinique basée sur des preuves est certainement Archibald Cochrane qui, en 1972, publie un important ouvrage intitulé Effectiveness and Efficiency: Random Reflections on Health Services. Il y explicite que les ressources disponibles pour les soins de santé seront toujours limitées et qu’en conséquence, elles devraient être utilisées pour offrir des soins dont l’efficacité clinique a été démontrée par la recherche. Il invite les professionnels à s’intéresser davantage à la mise en relation des coûts que les soins engendrent face aux bénéfices qu’ils procurent. Quarante années plus tard, son propos reste contemporain.
L’adhésion internationale à ce mouvement a donné
lieu à la création d’initiatives pour produire des méthodes rigoureuses et
outils standardisés permettant de poser des
jugements sur l’efficacité et le rapportcoût-bénéfice
d’interventions de soins. Ainsi, on retrouve le Cochrane Collaboration Centre
et le Joanna Briggs Institute qui ont tous deux des ancrages dans plusieurs
pays incluant la Suisse, ou encore le National Institutefor
Health and Care Excellence de Grande-Bretagne qui a inspiré plusieurs instituts
nationaux dédiés à la valorisation des
pratiques cliniques efficaces et efficientes.
Ce mouvement a aussi suscité lerehaussement des exigences en recherche pour tous les professionnels de la santé afin qu’ils prennent mieuxen considération le niveau d’efficacitéde leurs interventions. De même,l’implication accrue des patients et des familles est devenue un attribut essentiel des prises de décision complexes.
Mais
des facteurs faisant obstacle àl’utilisation
des preuves dans la pratique clinique ont aussi été identifiés. Le manque
d’expérience en recherche y figure parmiles
plus contraignants. L’Institut universitaire de formation et de recherche en
soins,à Lausanne, a entre autres
été créé par septpartenaires
romands pour participer au rehaussement de l’efficacité des soins pourles professions non médicales de la
santé.Il le fait notamment par
une offre de programmes de master et de doctorat, par ledéveloppement de programmes structurésde recherche, ou encore par des
collaborations locales, nationales et internationales dédiées
à la recherche sur l’innovation, l’efficacitéet
l’efficience.
D’ailleurs, au-delà de guider la prise de décision coût-efficacité, la pratique clinique fondée sur des preuves favorise le leadership, l’imputabilité, l’innovation et la collaboration entre professionnels de la santé et avec les patients et leurs familles.