Chronique
Texte: Diane Morin
Photo: Patrick Dutoit

Prof. Diane Morin, directrice de l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins de Lausanne

Pour mieux contrôler les coûts de la santé, on attend des soins dispensés qu’ils prouvent scientifiquement leur efficacité.

En savoir plus:

Un des précurseurs de la pratique clinique basée sur des preuves est certainement Archibald Cochrane qui, en 1972, publie un important ouvrage intitulé Effectiveness and Efficiency: Random Reflections on Health Services. Il y explicite que les ressources disponibles pour les soins de santé seront toujours limitées et qu’en conséquence, elles devraient être utilisées pour offrir des soins dont l’efficacité clinique a été démontrée par la recherche. Il invite les professionnels à s’intéresser davantage à la mise en relation des coûts que les soins engendrent face aux bénéfices qu’ils procurent. Quarante années plus tard, son propos reste contemporain.

L’adhésion internationale à ce mouvement a donné lieu à la création d’initiatives pour produire des méthodes rigoureuses et outils standardisés permettant de poser des
jugements sur l’efficacité et le rapportcoût-bénéfice d’interventions de soins. Ainsi, on retrouve le Cochrane Collaboration Centre et le Joanna Briggs Institute qui ont tous deux des ancrages dans plusieurs pays incluant la Suisse, ou encore le National Institutefor Health and Care Excellence de Grande-Bretagne qui a inspiré plusieurs instituts nationaux dédiés à la valorisation des
pratiques cliniques efficaces et efficientes.

Ce mouvement a aussi suscité lerehaussement des exigences en recherche pour tous les professionnels de la santé afin qu’ils prennent mieuxen considération le niveau d’efficacitéde leurs interventions. De même,l’implication accrue des patients et des familles est devenue un attribut essentiel des prises de décision complexes.

Mais des facteurs faisant obstacle àl’utilisation des preuves dans la pratique clinique ont aussi été identifiés. Le manque d’expérience en recherche y figure parmiles plus contraignants. L’Institut universitaire de formation et de recherche en soins,à Lausanne, a entre autres été créé par septpartenaires romands pour participer au rehaussement de l’efficacité des soins pourles professions non médicales de la santé.Il le fait notamment par une offre de programmes de master et de doctorat, par ledéveloppement de programmes structurésde recherche, ou encore par des collaborations locales, nationales et internationales dédiées
à la recherche sur l’innovation, l’efficacitéet l’efficience.

D’ailleurs, au-delà de guider la prise de décision coût-efficacité, la pratique clinique fondée sur des preuves favorise le leadership, l’imputabilité, l’innovation et la collaboration entre professionnels de la santé et avec les patients et leurs familles.



Partagez: