Interview
Texte: Margaux Fritschy

«J’ai peur du prix»

Progrès spectaculaire ou dérive scientifique? L’avis de Thierry Buclin, médecin chef de la division de pharmacologie clinique du CHUV.

IV Pensez-vous que ce type de traitements pucés puisse être utile?
TB Honnêtement, j’ai surtout peur du prix. Ce genre de technologies coûte cher. A moins que le système de santé ne veuille participer, je ne pense pas que ces micro-puces contraceptives soient à la portée de toutes les bourses. Hormis le coût, il faut voir aussi si ces puces peuvent se décliner pour d’autres traitements. Ce n’est pas vraiment le cas. En effet, il faut que la dose de médicaments soit minuscule pour que la puce puisse la contenir. Je ne vois que les traitements hormonaux comme la contraception, la gestion de la tyroïde, l’ostéoporose ou encore des traitements délicats avec les hormones de croissance qui puissent répondre à cette condition.

IV Une tierce personne pourrait utiliser ces micro-puces puisqu’elles sont télécommandables. C’est dangereux non?
TB Les pompes qu’utilisent les personnes souffrant de diabète fonctionnent avec Bluetooth. Les pacemakers cardiaques sont commandés aussi à travers la peau. Donc il y aurait là aussi un danger potentiel. A vrai dire, ce genre de technologies réveille toujours des fantasmes autour des risques de hacking. Je ne sais pas s’ils sont réels.

IV Les gouvernements des pays à fort taux de natalité ne pourraient-ils pas avoir une raison de maîtriser ces micro-puces pour contrôler les naissances?
TB Les gouvernements n’ont pas besoin de cette technologie pour maîtriser la natalité de leurs citoyens. En Afrique du Sud par exemple, le gouvernement offre des récompenses pécuniaires ou des compléments alimentaires aux femmes des couches de populations défavorisées qui choisissent d’utiliser l’implant ou l’injection contraceptive renouvelable tous les trois mois. Ethiquement, ce n’est pas blanc ou noir. Il faut savoir conseiller le mode de contraception efficace.



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