Chronique
Texte: Anne-Caroline Paucot
Photo: DR

Anne-Caroline Paucot

«Coudinite», «zappite» et «zombiquisme»: les symptômes des maladies de demain sont déjà visibles aujourd’hui.

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Fondatrice du site Lasantedemain.com et Dicodufutur.org

Peste, choléra… Si, en matière de santé, les pages ne sont jamais totalement tournées, des maladies entrent dans les livres d’histoire. Dans le même temps, d’autres apparaissent. Notre monde connecté, virtualisé, binarisé apporte son lot de pathologies.

Quelques secondes dans un lieu public suffisent pour constater que la «coudinite» est en train de devenir le mal du siècle. Cette tendinite du cou est la conséquence de regards répétés à ses écrans. Le chirurgien américain Kenneth Hansraj estime que la pression exercée sur le cou lorsque l’on abaisse la tête vers son téléphone est de 22 kilos! Ce téléphone provoque aussi la «nomophobie» ou la peur de ne pas pouvoir utiliser l’appareil. Absence de connexion, batterie qui lâche... Ces aléas provoquent un stress intense chez les utilisateurs dépendants. Quand les dieux des technologies sont avec les aficionados de l’écran, ils peuvent être victimes de «zappite» ou de crises d’ennui provoquées par l’absence de sollicitations. Internet a déclenché un zapping permanent. Les clics sont devenus une nouvelle drogue. Quand ils s’espacent, le manque surgit.

Cet attachement à l’objet électronique peut aussi se traduire par du «zombiquisme». Cette pathologie frappe de nombreux adolescents. Elle se caractérise par une présence physique et une absence mentale. Les individus atteints sont dans l’incapacité à communiquer avec les personnes présentes, mais échangent avec des individus distants. Si le zombiquisme est un syndrome mal supporté par les parents, ces derniers sont paniqués lorsque leur progéniture est atteinte de «virtualisme» ou troubles déficitaires du réel. A force d’être absorbés par des jeux vidéo et de fréquenter des mondes virtuels, les patients n’arrivent plus à faire la différence entre le monde physique et l’univers virtuel. Ils se sentent être des avatars dotés de supra-capacités. Les conséquences peuvent être dramatiques: des malades peuvent se jeter par la fenêtre en pensant pouvoir voler!

D’autres objets, fruits des rugissantes technologies, suscitent des réactions maladives. Des individus souffrent de «robophobie». Le contact avec un robot les déboussole. Ils craignent que ces machines ne leur volent leur travail ou leur femme (ou homme). On a aussi le «métalisme» qui se traduit par des réactions aux implants et prothèses. L’introduction de métal dans le corps provoque des allergies, inflammations, douleurs, courts-circuits, intoxications… Tout bien pouvant être aussi un mal, l’allongement de la durée de la vie peut se traduire par de l’«éternite», une dépression due à l’ennui provoqué par une vie trop longue.

Si ces pathologies n’ont pas encore été labellisées, elles sont annoncées. Sachant que comme celles actuelles, il vaut mieux prévenir pour ne pas avoir à guérir, un regard aussi amusé qu’interrogatif sur elles s’impose. ⁄



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