Chronique
Texte: Patrick Lemoine

Patrick Lemoine

Magie ou escroquerie, l’effet placebo intrigue depuis des siècles médecins et patients.

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Patrick Lemoine est directeur médical international du groupe Orpéa Clinéa, division psychiatrique.

L’histoire du placebo remonte à l’an 382 avec la Vulgate, traduction du Nouveau Testament en latin dont sont issues les vêpres des morts: Placebo Domino (je plairai au Seigneur). Au XIIIe siècle, les familles en deuil psalmodiaient ce verset afin de tromper leur attente durant les veillées funèbres et le peuple se mit à les surnommer placebos pour les ridiculiser. La société se laïcisant, le seigneur perdit sa majuscule et Placebo revêtit l’habit de courtisan et désigna les flatteurs et ceux qui cherchaient à plaire. Au XVIe siècle, un placebo original fut utilisé par l’Inquisition: pour éviter des exorcismes abusifs, si un suspect avait des signes discutables de possession, on lui présentait de fausses reliques, dites reliques placebo. S’il réagissait comme avec des authentiques, on en déduisait que ses convulsions venaient de son imagination et non du Malin. L’idée était née d’un contrôle d’une manifestation clinique douteuse par l’administration d’un produit inactif. Le placebo apparaît enfin en médecine dans le Motherby’s New Medical Dictionary (1785) comme méthode banale (anodine) ou médicament. En 1958, le mot est cité en français dans la 17e édition du dictionnaire médical Garnier et Delamarre et plus tard dans les dictionnaires grand public.

Le placebo pur est la poudre de Perlimpinpin; le placebo impur est un médicament commercialisé, n’ayant clairement pas démontré d’efficacité. L’effet placebo désigne l’écart positif entre l’effet thérapeutique attendu d’un médicament et l’effet observé. Si l’écart est négatif, on parle d’effet nocebo (je nuirai).

Le placebo pur est la poudre de Perlimpinpin; le placebo impur est un médicament commercialisé, n’ayant clairement pas démontré d’efficacité.

L’effet placebo couvrirait en moyenne un tiers des effets des traitements. Pour les problèmes d’angine de poitrine, il peut atteindre 85% d’efficacité. Le placebo concerne aussi les maladies psychosomatiques, les infections, l’hypertension ou l’insomnie.

Un exemple: des rats sont opérés en leur incisant la peau du crâne avec un bistouri sale, avant d’installer un pansement visible sur la plaie. Quelques jours plus tard, les leucocytes se multiplient afin de lutter contre l’infection. L’opération est répétée 2 fois, mais la 4e fois, pas d’incision, alors que le pansement est mis comme d’habitude. Le nombre de globules blancs augmente comme si l’opération septique avait été pratiquée. Conclusion: un stimulus externe erroné peut faire réagir même des globules blancs.

In fine, le placebo agirait en incitant l’organisme à fabriquer lui-même des médicaments endogènes comme les endorphines, la dopamine, la sérotonine dans la dépression, probablement des antibiotiques naturels dans l’infection et en réalité, tous les médicaments du monde puisque mieux encore que l’industrie pharmaceutique, notre corps est capable de tout synthétiser pour se protéger et survivre.



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