Health Valley
Texte: Léandre Duggan
Photo: Nikodem Pręgowski

Sur la route: Ixxéo Healthcare à Nyon

Nommer les médicaments est une étape délicate et cruciale. Ixxéo Healthcare, basée à Nyon, s’en est fait une spécialité.

Chaque médicament possède trois noms. Le premier désigne son nom chimique, utilisé par les chercheurs. Le deuxième indique sa dénomination commune internationale, son nom générique. Le troisième définit sa marque, celle écrite sur l’emballage. Le fabricant la choisit. Mais le nom doit être approuvé par les autorités sanitaires. Les règles sont complexes: pas de confusion possible, ni de fausse promesse.

À Nyon, Denis Ezingeard, dans le domaine du naming depuis une vingtaine d’années, a fondé l’entreprise Ixxéo Healthcare en 2007. Chaque année, entre quatre et huit groupes pharmaceutiques se tournent vers lui pour nommer leur médicament. Le processus est un exercice long et délicat. Entre le début du projet et le lancement du produit, il peut s’écouler jusqu’à trois ans.

La pilule bleue, par exemple. Son nom chimique n’est compréhensible que par les initiés. Sa dénomination générique est le «citrate de sildénafil». Il est pourtant largement connu par son nom commercial, le Viagra. Il a été trouvé par Arlene Teck, associée à Ixxéo. «Le client voulait un symbole de la puissance masculine pour ce médicament destiné à contrer la dysfonction érectile», explique Denis Ezingeard. Une analogie d’une fonction masculine est faite avec les chutes du Niagara. Le mot ‘vigor’, ’énergie’ en latin, la virilise. Au ‘Viagara’ présenté en premier, les créatifs de l’entreprise ont décidé de supprimer le deuxième ‘a’. Pour faire plus dur. Moins harmonieux.

Entre 2’000 et 4’000 noms sont candidats au départ du processus. «Une idée de nom peut créer une dizaine de clones.» Environ dix noms feront l’objet d’une étude de marché, et seulement trois ou quatre seront retenus pour le choix final. «Plus que de la création, mon métier consiste à éliminer ceux qui ne passeront pas la rampe, remarque Denis Ezingeard. Pour garantir qu’ils résisteront aux autorités sanitaires et leurs règles complexes.» Le naming, «une science et un art». ⁄



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