3 questions

3 questions à Patrick Fraering

Le laboratoire de Patrick Fraering a fait une découverte qui pourrait révolutionner la prise en charge de la maladie d’Alzheimer.

Jul 14, 2014

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Une nouvelle avancée dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer a été effectuée par une équipe de biologistes de l’Inserm. L’équipe française a réussi à rectifier une anomalie comportementale chez un poisson atteint d’Alzheimer en lui injectant une protéine naturellement présente chez l’homme sain. Il s’agit de la protéine FKB52, dont la recherche avait déjà démontré les vertus protectrices pour l’homme en 2010. Ce succès est le premier pas vers un traitement applicable à l’espèce humaine.

1. En quoi consiste votre découverte sur la maladie d’Alzheimer?

La pathologie est due à une surproduction d’une molécule dans le cerveau, le peptide amyloïde béta 42. Cet élément forme des plaques dans le cerveau, qui tuent les neurones, causant ainsi la maladie. Nous avons découvert que deux groupes de molécules diminuent la formation de ce peptide. Ces molécules agissent sur la protéine APP qui, après le processus naturel de sa découpe par l’enzyme gamma-sécrétase, ne produira plus, ou en tout cas moins, le peptide mis en cause.

2. Pourquoi est-ce considéré comme révolutionnaire?

Auparavant, les recherches cliniques se sont concentrées sur l’enzyme gamma-sécrétase. On savait qu’elle créait le peptide suite à la découpe de la protéine APP, alors les tests se penchaient sur des inhibiteurs de l’enzyme. Le problème était qu’il y avait beaucoup d’effets secondaires, car d’autres éléments essentiels à la régulation cellulaire sont issus du cisaillement de l’APP. Les molécules au centre de notre recherche ne provoquent pas ces effets secondaires parce qu’elles laissent les «bons» produits se développer.

3. Pourra-t-on guérir d’Alzheimer?

Pas à proprement parler. Pour les personnes dont la cause de la maladie est congénitale, elles pourraient prendre le médicament, si les essais cliniques aboutissent, en prévention. Quant au reste des patients atteints d’Alzheimer, si le diagnostic de la maladie est fait à temps, le traitement pourrait empêcher l’évolution de la pathologie et ainsi prolonger leur espérance de vie.⁄



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Patrick Fraering est professeur à la Faculté des sciences de la vie et chercheur au Brain Mind Institute de l’EPFL