Témoignage
Photo: Eric Déroze

«La médecine ne soigne pas la difficulté émotionnelle»

Pascale de Senarclens est directrice de l’association genevoise Bloom and Boom qui œuvre notamment pour l’émancipation des femmes.

La Genevoise Pascale de Senarclens* livre un témoignage issu de son expérience personnelle et des conférences-débats consacrées au désir d’enfant menées par son association.

«C’est mon compagnon de l’époque qui avait un fort désir d’enfant – plus que moi, je le reconnais. Quelque part, c’est la découverte de ma situation d’infertilité qui m’a donné envie de procréer. Cette envie est vite devenue problématique, une sorte de frustration causée par des performances féminines non accomplies, je ne me sentais plus femme, comme handicapée. Ça a été très dur de subir l’omniprésence de quelque chose que je ne désirais pas vraiment.» Une première consultation auprès d’un spécialiste a lieu en 2013. Pendant un an, la jeune femme enchaîne les traitements. «Ce fut un processus émotionnel compliqué fait de solitude, d’incompréhensions et de souffrances auxquelles la médecine n’a absolument pas pallié.»

Dans ces conditions, le couple décide de ne pas s’acharner et stoppe tous traitements. «C’est un choix rare, que j’attribue à mon très modéré désir d’enfant, car il est tout autre pour la majorité des femmes. Enfanter est si central qu’elles sont prêtes à tout. S’il y a arrêt des traitements, il survient après énormément de souffrances, d’argent dépensé, parfois de séparation, voire de dépression. A travers mon association, j’ai organisé de nombreux cercles de femmes sur ce thème et régulièrement les participantes parlaient des attitudes inappropriées des médecins. J’entends par là, un manque d’empathie et de la dureté, cette impression que l’on est des voitures qui passent chez le garagiste. C’est une forme de maltraitance émotionnelle qui fait presque sys-tématiquement partie des parcours et cela me révolte.»



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