Témoignage
Texte: Céline Bilardo
Photo: Johann Pelichet

Les jeunes ont besoin de reconnaissance

Luna, 18 ans, lausanne

A l’école primaire, Luna* rencontre quelques difficultés, notamment avec ses camarades. «Les autres élèves m’embêtaient souvent et les enseignants n’intervenaient pas; ils ne m’ont fourni ni soutien ni écoute. J’avais l’impression qu’ils étaient même agacés par cette situation, qui les faisait sortir de leur confort... J’étais seule la plupart du temps et ne pouvais compter que sur moi-même pour réussir mon année scolaire.» La jeune fille y parvient et réussit à améliorer ses résultats pour finalement accéder à la voie gymnasiale. «Je suis sortie fatiguée de cette période, qui ne m’a pas aidée à gagner en assurance. Il était difficile d’envisager pouvoir prendre confiance en moi. En 2010, alors que je n’avais que 13 ans, ce malaise s’est manifesté par des troubles alimentaires. En quelques mois, j’ai perdu 20 kg.»

Luna est alors prise en charge par la Division interdisciplinaire de santé des adolescents (DISA) du CHUV. «Il s’agit du seul endroit où je me suis sentie bien, comprise et entendue. Les ados ont besoin de reconnaissance, mais aussi d’écoute, sans jugement. Beaucoup d’adultes ont tendance à dramatiser la situation, ce qui est à mon sens une mauvaise façon d’aborder un problème avec un adolescent. Au contraire, il faut apprendre aux jeunes à prendre du recul, et aborder les problèmes avec sérénité.»

Pour les soins, la jeune femme doit en revanche continuer à se rendre dans des structures pour enfants. «Un épisode m’a marquée lorsque j’avais 16 ans... je me suis rendue dans un hôpital pédiatrique, initialement pour une simple transfusion de potassium. Le personnel soignant a décidé que je devais rester sur place. J’avais beau répéter les consignes de mon médecin traitant, personne ne m’écoutait, ma parole n’avait aucune valeur. Je voulais être considérée comme une adulte, pas comme une enfant. Etre hospitalisée aux côtés de bébés me mettait aussi mal à l’aise, les infirmières parlaient de moi comme de «la grande» et me tutoyaient, comme les autres enfants. Cela ne me plaisait pas.»

La jeune femme voulait aussi pouvoir discuter en toute discrétion de sa situation avec le personnel soignant. «Dans les hôpitaux pédiatriques, les médecins s’adressaient à ma mère, en ma présence. Pourtant, depuis le début de mes problèmes de santé, j’avais tout à fait conscience des enjeux et des risques. Je voulais avoir mon mot à dire.»

Aujourd’hui, Luna est en voie de guérison. «Mes plaies cicatrisent doucement... elles étaient profondes.» Malgré ses problèmes de santé, elle a poursuivi sa scolarité jusqu’à aujourd’hui. «J’ai trouvé du soutien auprès de certains profs du gymnase, mais aussi dans la pratique de l’hypnose. Pouvoir m’exprimer à travers l’art, la musique en particulier, m’a aussi aidée à aller de l’avant.» A 18 ans, elle poursuit sa prise en charge au sein de la DISA. «Je suis très attachée à mon médecin traitant, qui m’a suivie, et comprise, pendant toute mon adolescence.»

* prénom d'emprunt



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