Tandem
Texte: William Türler
Photo: Gilles Weber

Laurent Holzer et Yves Dorogi collaborent pour aider les patients souffrant de troubles alimentaires.

Laurent Holzer et Yves Dorogi collaborent pour aider les patients souffrant de troubles alimentaires.

« En cas d’anorexie, il est primordial d’intervenir le plus rapidement possible, souligne Laurent Holzer, médecin-chef responsable du volet pédopsychiatrie au Centre vaudois anorexie boulimie (abC) du CHUV. Il faut mobiliser les familles afin qu’elles soient intégrées au processus de soin et qu’elles prennent en main la reprise pondérale des patients. »

« Pour maximiser les chances de guérison, il faut une reprise de poids dès le premier mois.

Spécialisé dans la prise en charge des troubles alimentaires, l’abC s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes. Dans le cadre de leur fonction de supervision et d’encadrement des médecins, des psychologues et des soignants, Laurent Holzer et Yves Dorogi, infirmier spécialiste clinique au sein du Service de psychiatrie de liaison et responsable des soins de l’abC, collaborent étroitement. Cette filière de soins étant fondamentalement pluridisciplinaire et nécessitant une longue prise en charge des patients, un tel travail d’équipe se révèle indispensable, d’où des réunions régulières entre les deux spécialistes.

«Nous cherchons notamment à identifier ce qui se révèle spécifique aux adultes ou aux adolescents et ce qui peut être mis en commun, relève Laurent Holzer. Par exemple, le fait de mélanger les patientes peut permettre aux plus jeunes de se mobiliser pour ne pas suivre la même voie que leurs aînées.» A noter que 9 patients sur 10 souffrant de troubles alimentaires sont des femmes.

Ces échanges fréquents permettent également d’harmoniser les prises en charge et les liens avec les différentes structures partenaires, mais aussi d’établir un suivi du corps soignant. Ces professionnels, qui se trouvent en première ligne, peuvent être particulièrement éprouvés durant le suivi des patientes. «Notre fonction consiste à gérer au mieux différents enjeux de transition, souligne Yves Dorogi. Il s’agit notamment d’accompagner les patientes entre l’adolescence et l’âge adulte et les aider à devenir autonomes. Nous devons également assurer les transitions entre les différents niveaux de soins, notamment entre l’hôpital et le centre de jour.»

Dans ce cadre, chaque membre de l’équipe soignante, infirmières, assistantes sociales, physiothérapeutes, diététiciennes, médecins, psychologues et nutritionnistes doit ajuster son travail afin d’assurer une cohérence dans le suivi des patientes.

«C’est uniquement lorsque ces dernières ont repris du poids que l’on peut travailler plus en profondeur sur les causes du problème, notamment sur le rapport des patientes à leur corps, à leurs idéaux et à leurs obsessions rigides autour de la minceur et de la nourriture», poursuit Laurent Holzer.

Dans cette optique, il peut être intéressant de faire évoluer les pratiques, par exemple à travers une prise en charge souple et inventive. «Et c’est notamment là que le point de vue des soignants se révèle particulièrement important», conclut Yves Dorogi. ⁄



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