Portrait
Texte: Emilie Veillon
Photo: Gilles Weber

Daniela Dunker Scheuner, méditer pour éviter la rechute

Daniela Dunker Scheuner apprend aux personnes souffrant d’une dépendance à l’alcool à méditer pour éviter le risque de rechute.

Tapis de sol, couvertures, bancs ou coussins ronds. La salle épurée de l’un des pavillons de Cery, siège du Département de psychiatrie du CHUV, se teinte d’une ambiance sereine quelques heures par semaine. Assis dans la position du lotus, une petite dizaine de patients méditent, les yeux fermés, guidés par la douce voix, à l’accent ensoleillé, de Daniela Dunker Scheuner.

Psychologue, responsable de l’Unité d’enseignement des thérapies comportementales et cognitives du Département de psychiatrie et associée au Service d’alcoologie du CHUV, elle invite à porter son attention tantôt sur les bruits alentour, la respiration, les sensations corporelles, les émotions, les envies ou encore les pensées qui traversent l’esprit tels des nuages, sans les juger.

«Prendre pleinement conscience de ce qui se passe en soi permet d’identifier et de sortir des réactions automatiques qui gouvernent nos actions, pensées et émotions. Cela augmente ainsi notre capacité à tolérer nos états émotionnels, nos envies et y faire face», explique-t-elle. Proposées aux patients présentant une dépendance à l’alcool qui sont dans une démarche d’abstinence, ces séances hebdomadaires sont basées sur une nouvelle approche en pleine expansion en Suisse.

Inspirée de deux domaines que tout oppose au premier abord, à savoir la pratique de la méditation orientale et la science occidentale, la «Mindfulness-based relapse prevention», ou prévention de la rechute basée sur la pleine conscience (MBRP), a pour but d’apprendre aux personnes concernées à accepter leurs tentations avec bienveillance, plutôt que de les combattre. «Cela n’a rien d’ésotérique. Au contraire, porter son attention sur les sensations physiques qui sont déjà là, c’est très concret», assure cette trentenaire brésilienne qui a mené son cursus académique en psychologie à São Paulo, à l’Université
de Genève, puis à l’Université Claude Bernard à Lyon.

En 2004, dans le cadre de son nouveau poste au Service d’alcoologie du CHUV, elle se met en contact avec Alan Marlatt, professeur de psychologie et directeur du «Addictive Behaviors Research Center» de l’Université de Washington, à l’origine du modèle de prévention de la rechute et de la MBRP. La psychologue s’investit de plus en plus dans ces deux approches, au point de participer à la traduction française de l’ouvrage de son fondateur, «Prévention de la rechute: Stratégies de maintien en thérapie des conduites addictives» publiée en 2008. Elle se forme ensuite comme instructeur et formateur officiel MBRP auprès de l’équipe d’Alan Marlatt. Elle partage désormais son temps entre ses groupes de patients, ses consultations individuelles et la formation d’autres professionnels afin de diffuser cette méthode en Suisse et en France, tout en pratiquant elle-même quotidiennement la méditation pleine conscience.



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"Mindfulness"?

Inspirée à la fois de la pratique de la méditation

orientale et de la science occidentale, la «Mindfulness-based relapse prevention», ou prévention de la rechute basée sur la pleine conscience (MBRP) est proposée aux personnes souffrant d’une dépendance à l’alcool ou entreprenant une démarche d’abstinence.

Cette méthode venue des Etats-Unis permet aux patients l’acceptation de leurs tentations, de manière
à mieux prévenir les rechutes.