Tendances
Texte: Margaux Fritschy
Photo: Salvatore Di Nolfi / Keystone

Sportifs amateurs: attention dopage!

Les compléments alimentaires peuvent contenir des substances dopantes et mettre en danger la santé.

Près de 15% des sportifs amateurs ont recours à des produits dopants. C’est ce qu’annonçaient l’an dernier les médecins Stéphane Borloz et Gérald Gremion dans la revue de la Société suisse de médecine du sport (SSMS). Trois raisons principales expliquent ce phénomène: la méconnaissance des produits, à savoir s’ils sont dopants ou non, la recherche de la performance et le culte de son apparence. «Sur internet, des sites spécialisés vendent toutes sortes de compléments alimentaires dont il est souvent impossible de vérifier la composition, indique Stéphane Borloz spécialiste en médecine physique et réadaptative à Lausanne. Certains de ces produits peuvent contenir des substances interdites, d’autres sont carrément frelatés.»

Les organisateurs d’événements sportifs n’ont le plus souvent pas les moyens de mettre en place une réelle infrastructure de contrôle, sachant que chaque test coûte entre 500 et 1’000 francs. «Nous disposons déjà de peu de moyens pour la lutte anti-dopage chez les professionnels, remarque Stéphane Borloz. La situation dans le sport amateur est encore plus compliquée.»

Les rares contrôles organisés lors de compétitions populaires sont avant tout destinés aux volontaires. L’occasion pour les principaux concernés de s’y soustraire. En 2006, l’ancien cycliste professionnel Christian Charrière, arrivé cinquième à Sierre-Zinal, avait ainsi refusé de se prêter au jeu du contrôle. Quelques jours avant lui, lors d’une autre compétition, un spécialiste de VTT, Daniel Paradis, avait également dit non. Une attitude qui avait suscité la perplexité des organisateurs et jeté le soupçon sur les deux coureurs.

Les organisateurs d’événements sportifs n’ont le plus souvent pas les moyens de mettre en place une réelle infrastructure de contrôle, sachant que chaque test coûte entre 500 et 1’000 francs.

«Une grande partie de la population sportive est de bonne composition, elle cherche des conseils alimentaires et veut bien agir. Et puis il y a l’autre partie qui part à la dérive, constate Olivier Baldacchino, coach sportif spécialisé dans la course à pied à Genève. Si en quinze ans de métier, personne ne l’a jamais approché directement pour parler dopage, il se rappelle le cas d’un ancien client arrêté par la police après avoir acheté des produits dopants sur internet.

Culte de l’apparence

La problématique touche aussi le milieu du fitness. Aux compléments alimentaires, les amateurs de salles de gym ajoutent parfois des stimulants, dont les amphétamines, ou des stéroïdes anabolisants tels que la nandrolone ou les hormones de croissance. Des produits qui peuvent provoquer de sérieux problèmes de santé: troubles cardiaques, atteinte au foie ou aux reins, ou encore baisse de la fertilité. La combinaison de plusieurs de ces stimulants peut en outre entraîner d’importants effets secondaires, sans compter les risques d’infections lors des injections.

L’abus de substance se retrouve enfin chez les amateurs de sensations fortes. Gérald Gremion, responsable du Swiss Olympic Medical Center et médecin adjoint au Département de l’appareil locomoteur du CHUV, cite notamment les milieux du snowboard et du BMX comme étant susceptibles de pratiquer le dopage «Les adeptes de ces disciplines cherchent avant tout à se désinhiber. Ils consomment de la cocaïne, du cannabis ou d’autres stimulants du même acabit dans le but d’oser prendre des risques.»

Si le dopage ne semble concerner qu’une minorité de sportifs amateurs, les médecins spécialisés estiment qu’il est crucial d’agir en amont, en maximisant la prévention. «De nos jours, les gens ont tendance à se sur-médicamenter, constate Gérald Gremion. Or, le sport doit s’exercer dans l’état le plus sain possible.» Sans oublier que les médicaments comportent des effets secondaires, d’autant plus s’ils sont accompagnés d’efforts sportifs.

«La performance est devenue prioritaire dans tous les domaines de notre société, remarque Martial Saugy, directeur du Laboratoire suisse d’analyse du dopage (LAD). Mais à trop viser cet objectif, il arrive un moment où l’on se rend compte que l’on ne sera jamais parfait et aussi fort qu’on le souhaite. Et là, le risque, c’est de sombrer dans la dépression.»



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Compléments alimentaires

Une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique. Il arrive que certaines substances comme des stimulants se retrouvent dans ces compléments sans que cela soit mentionné sur l’emballage.

Les stimulants

Les amphétamines, la cocaïne, la caféine, l’éphédrine et les produits dérivés sont les plus utilisés. Les stimulants augmentent la concentration et l’attention, réduisent la sensation de fatigue. Ils augmentent l’agressivité et font perdre du poids.

Brûleurs de graisse

Les sportifs apprécient la caféine, substance énergisante et anti-oxydante qui aide l’organisme à mieux consommer ou brûler
ses graisses.

A haute dose, peut avoir des effets dopants.

Stéroïdes anabolisants (nandrolone, hormones de croissance)

Une classe d’hormones stéroïdiennes liée à une hormone naturelle humaine: la testostérone. Permettent de développer une masse musculaire plus importante.