Prospection

Jeûne et cancer

Sous sa forme intermittente ou continue, la pratique du jeûne lors d’un traitement contre le cancer présente des risques importants. Les explications d’Esther Guex, diététicienne au CHUV.

De plus en plus de patients se posent la question de l’utilité du jeûne dans le cadre du traitement contre le cancer. Comment l’expliquez-vous?

Cette tendance à la hausse se comprend au regard du nombre toujours important de témoignages et d’articles vantant les mérites du jeûne pour prévenir le cancer ou comme un moyen de le vaincre. Nous avons eu le cas d’une patiente qui a amené un témoignage d’une femme paru dans un magazine romand. Elle disait avoir vaincu le cancer grâce à la pratique du jeûne. Nous nous trouvons alors dans une situation délicate, car à ce jour peu d’études cliniques sur les humains existent et aucune n’a amené de preuves.

Si un patient souhaite jeûner, comment réagissez-vous?

Nous agissons avec prudence, au cas par cas. À aucun moment, nous n’allons lui interdire le jeûne. Nous questionnons le patient pour bien comprendre ses raisons, et le rendons attentif aux conséquences possibles.

Une évaluation de l’état nutritionnel est systématiquement réalisée dans la prise en charge.

Si cette évaluation est bonne, nous proposons de l’accompagner dans sa démarche. En revanche, si un patient présente déjà une perte de poids involontaire avant le diagnostic ou pendant le traitement, il est fragile et nécessite alors une surveillance régulière.

Concrètement, à quels risques peut-il s’exposer?

En cas de perte de poids importante associée, le risque est de développer une dénutrition qui conduira à une perte des tissus adipeux, et surtout des réserves musculaires. Cela entraîne une grande fatigue et un manque de force, ainsi qu’une diminution de la fonction immunitaire, mettant le patient face à un risque d’infection. Ce changement de composition corporelle peut aussi avoir un impact sur les thérapies, avec une moindre tolérance aux chimios ou radiothérapies. C’est pourquoi nous restons attentifs à accompagner le patient avant tout en l’informant et en respectant ses choix.



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Esther Guex est diététicienne au sein du Service d'endocrinologie, diabétologie et métabolisme du CHUV.