Chronique
Texte: Danielle Bouchard
Photo: Eric Déroze - Service d'appui multimédia (SAM)

«Former les professionnels compétents pour relever le défi du grand âge»

Nous vivons désormais plus longtemps. Simultanément, toute une génération de baby-boomers atteint l’âge de la retraite sans qu’une relève suffisante ne vienne renforcer la base la plus jeune de notre pyramide démographique. Parfois appelé papy-boom ou tsunami gris, le phénomène confronte nos sociétés à leurs propres limites dans des domaines aussi variés que le logement, les assurances sociales, la mobilité ou les modes de consommation par exemple.

Le secteur de la santé n’y échappe pas, lui qui voit simultanément la demande augmenter et une part significative de ses forces de travail partir progressivement à la retraite. On y compose avec une forte pression sur les coûts mais aussi des réponses scientifiques et technologiques nouvelles et des attentes et besoins qui évoluent. Et l’on débat, pour trouver la meilleure voie: faut-il construire davantage d’EMS? Comment garantir l’accès aux soins lorsque les généralistes se font rares? Quels moyens pour financer la promotion de la santé, la prévention et l’éducation thérapeutique dans un système jusqu’ici centré sur les soins curatifs?

Dans ce contexte, la place de l’hôpital n’est plus celle qu’elle était. L’hospitalisation est moins souvent nécessaire, plus intense et plus courte.

Pour la personne âgée, elle comporte même des risques, notamment celui de se «déconditionner», de voir sa capacité à réaliser des activités quotidiennes se réduire du simple fait de les interrompre le temps d’une hospitalisation. Cette fragilité fait émerger de multiples enjeux. Une attention particulière doit être portée par les professionnels de la santé à la protection de la dignité en toutes circonstances, à l’évaluation rigoureuse des potentiels et des risques, à la concertation avec les proches et les partenaires du réseau social, à la continuité des soins lors de chaque transition d’un environnement vers un autre, à l’adaptation des soins selon l’état cognitif de la personne soignée, ou encore, à la fin de vie et sa dimension spirituelle.

Autant d’enjeux, autant de compétences. Et c’est précisément là que se situe l’une des principales responsabilités de l’hôpital universitaire dans le paradigme du grand âge: développer la connaissance, expérimenter de nouveaux modèles d’organisation et de collaboration, former les professionnels dont le système et les patients âgés ont besoin pour relever le défi.



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Infirmière, Danielle Bouchard est directrice des soins du Département de médecine du CHUV.